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Dans les villages des hautes vallées pyrénéennes, les femmes ont eu, dans les siècles passés, un statut qu’il est rare de trouver ailleurs en Europe : celui du droit d’aînesse, de l’égalité avec les hommes, du droit de vote, de la propriété de la « maison », d’une liberté sociale, culturelle et sexuelle tout à fait surprenante. Cela tient sans doute à la géographie des vallées enclavées, difficiles d’accès, où la maison est l’unité de base du groupe, avant le village et la vallée. L’économie est basée sur le travail collectif : femmes et hommes discutent ensemble et votent dans les affaires. Le droit d’aînesse est acquis aux femmes : que ce soit une fille ou un garçon, l’aîné hérite de « la maison » et assume la responsabilité de sa pérennité. Quand un cadet va se marier chez une aînée, il prend le nom de sa nouvelle maison, qui prime sur son nom de famille. Mais alors, dans ce microcosme isolé, seules les aînées sont sûres de se marier, les cadettes sans dot ne bénéficiant que du « droit de chaise », gite et couvert, dans la maison des ancêtres. Ce qui conduit la communauté féminine à user de quelques stratagèmes ludico-sexuels sans doute assez rares en Europe. Par exemple, la “capture”, par un groupe de femmes, d’un homme se déplaçant seul : une manière quelque peu audacieuse d’assurer une expérience sexuelle aux cadettes célibataires ayant passé la fleur de l’âge, et de réduire la consanguinité.
Le Code civil de 1804 a considérablement changé ces pratiques familiales originales, mais plusieurs témoignages ont révélé que certaines d’entre elles subsistaient encore au début du XXe siècle. Cette organisation sociale bouscule, à n’en pas douter, bien des idées reçues, notamment celle de la domination masculine sur les structures sociales. Mais cela nous aide aussi à mieux comprendre la vie des villages d'hier et d'aujourd'hui. Pendant plus de 20 ans, Isaure Gratacos, professeure d’histoire et docteure es lettres, est allée dans les villages et les hameaux du Comminges et du Couserans pour recueillir les témoignages des anciens sur ces traditions et cette culture exceptionnelles, véritable « ethnologie du dedans », qu’elle nous dévoile dans sa conférence.

Entrée libre et gratuite.

Conférence suivie, comme toutes nos conférences d'un repas partagé sorti du panier de chacun.